01 << LES DERNIERS MOULINS DE FLANDRE >> Cinq centimes N°1189 Le Petit Parisien du Dimanche 19 Novembre 1911 Un enfant, entraîné par l'aile d'un moulin, vient s'écraser sur le sol après avoir été lancé à une hauteur vertigneuse. << LA RUINE DES MOULINS >> (en1900) Au début du siècle passé, on comptait plus de deux cent moulins en Flandre maritime. il y en avait plus de vingt au Mont-Cassel, et Coudekerque, aux alentours de Dunkerque, en possédait quinze. Il en reste une quarantaine en activité et le nombre en diminue tous les ans. On les prétend victimes du Progrès; cela ne me paraît pas exact. Les données du problème n'ont pas pu changer : ils utilisent une force naturelle intarissable et les céréales qu'ils transforment continuent à se récolter et à se consommer autour d'eux. Quelle sont donc les causes de leur ruine ? Les moulins utilisaient la force du vent qui, de par sa nature, ne peut se monopoliser. L'individualisme qui régnait au XIXe siècle, et qui a toujours fait confondre progrès et profit, a empêché leur perfectionnement. De ce fait, ils n'ont pas profité des améliorations de l'outillage qu'offre l'emploi du métal, ni des possibilités de modernisation que permet l'électricité. Personne ne s'est intéressé à ces problèmes n'y ayant aucun intérêt particulier et le meunier était incapable de les résoudre à lui seul. Aucune aide ne lui est venu du dehors, au contraire. Dans l'établissement de l'impôt, on a ignoré qu'il n'est pas minotier mais simplement artisan, et ce travailleur manuel est astreint à tenir une comptabilité qui l'effraie, alors que les impositions trop lourdes le ruinent et le découragent. Il est encore une autre raison qui contribue à leur disparition, c'est l'état social qui n'est pas favorable au développement de la famille. Le meunier a besoin de fit pour lui succéder,car on ne grimpe pas dans un moulin sans y être accoutumé dés l'enfance. Mais l'impôt sur l'enfant est lourd, bien qu'ingénieusement dissimulé, si lourd que l'on a créé pour certaine catégories de citoyens des allocations familiales pour essayer de compenser ces charges. Le meunier peine à la sueur de son front ; il paie tant qu'il en est épuisé,si bien qu'il ne lui reste rien pour entretenir l'outillage et moins encore le perfectionner. Alors entre son moulin qu'il aime et son foyer qu'il chérit, se pose pour lui le douloureux dilemme ; (( Un moulin sans enfant ou des enfants sans moulin.)) A Hondschoote il fût renversé par la tempête du 12 Nevembre 1970 à laquelle il avaient tenu tête durant des siècles. En mourant il offrirent le spectacle tragique de leurs grands corps brisés et jonchèrent la terre de leur débris. A les voir ainsi étendus, les ailes enfoncées dans le sol, on eût dit quelque géant terrassé après une lutte acharnée.? << LA FIN DES MOULINS >> Le moulin de Delabaere au quai à Hondschoote (L'an 1900) Leur nombre diminue d'année en année et l'on peut prévoir que d'ici quelques lustres tous seront devenus le passé. Certains ont eu une fin héroïque, il sont tombés aux côtés des défenseurs de notre sol natal.
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